Tout Lucien
Lucien sur les bords du lac
Lucien largue des caisses

En 1982, Robert F. est appelé par de nouveaux horizons. Il rejoint la société Itron et abandonne B.S.I. De nouveau sans travail, Lucien Grodard fonde la société ACEB (Assistance caisses-enregistreuses et bureautique), dont le siège social se trouve dans son garage, au fond à gauche. S'inspirant des méthodes japonaises, «la qualité du service d'abord», il ne tarde pas à se faire une clientèle chez les commerçants et artisans de tous poils, qu'il tutoie en leur donnant des tapes dans le dos. Il travaille le jour et la nuit, la semaine et le week-end, et quand il a le temps, fait de la planche à voile, de la musique et fabrique des petits machins rigolos.

C'est ainsi qu'un jour, pris d'une envie subite, il fabrique un monocycle (en fait ça lui prendra beaucoup plus d'une journée). Plus tard, il se lance dans la fabrication de pentominos, un casse-tête constitué de 12 pièces de bois qu'il faut assembler pour former des figures géométriques (voir ci-contre). On peut en voir un exemplaire très bien conservé au Musée des arts et traditions populaires de Bibiche (Moselle). Lucien commercialise ses productions auprès de ses proches et de ses amis, selon une méthode de vente empruntée à Amway et aux chaines de solidarité: si vous trouvez dix gogos qui trouvent eux-mêmes dix pigeons qui trouvent eux-mêmes, etc..., vous faites fortune. Lucien réussira à placer une vingtaine de ces casse-têtes, emballés dans des sacs en toile de jute qu'il aura lui-même cousus à la machine avec amour.

Dans le même registre, Lucien fabrique des serres miniatures qu'il tente d'écouler à l'occasion des fêtes des mères, sans plus de succès. Les serres, en bois et en verre, ont une fâcheuse tendance à s'auto-détruire dans les quinze jours qui suivent leur achat. L'unique exemplaire encore visible se trouve au foyer rural de Bézange-la-Petite (Moselle). Demander la clé à la mairie.

Un soir, en assemblant des serres, il s'entaille l'index profondément. A la vue du sang qui coule, il s'évanouit. Alain D. qui se trouvait là l'emmène aussitôt à l'hôpital Bonsecours. Là, ils tombent sur des internes un peu éméchés qui fêtent un anniversaire. Pendant que Lucien se fait poser des agrafes, Alain en profite pour manger une part de gâteau

Près d'un lac, je m'étais endormi(e)...

Les week-ends d'été, pour se distraire des soucis de la vie quotidienne, Lucien part avec les copains faire de la planche à voile sur le lac de Madine, dans la Meuse. Un campement est organisé: tentes et caravanes placées en cercle, un feu de bois au milieu, quelques bouteilles pour combattre le froid qui tombe vite sous ces latitudes. Les plaintes affluent bientôt à la réception du camping. Pendant les soirées, Lucien captive son auditoire en interprétant à la guitare ses chansons préférées: "Natacha", "Cauchemar psychomoteur" ou "La fille du nord". A l'occasion, pour édifier les foules, il ne dédaigne pas d'exhiber sa bistouquette. Mais tout cela reste bon enfant, sans intention de choquer les gens.

Au bord de l'eau, il ne peut pas se passer de son vieux slip de bain bleu ciel, usé jusqu'à la corde et décoloré aux endroits où ça frotte, ni de ses schlappes racornies qui l'accompagnent partout. Avant de partir, il prend toujours soin de les entasser dans son «sac à voyage». Toujours à la Madine, à la suite d'un pari idiot, il tente de traverser à bicyclette la petite passerelle de bois qui sépare le bassin de baignade, peu profond, du reste du lac. La nuit et sans lumière. Pas véritablement à jeun. Le vélo fait un écart et il tombe à l'eau, du côté de la baignade. Manque de chance, le fond est bétonné: deux côtes félées.

L'été, il va parfois avec les messins dans le chalet de l'ami Benoit, à la Chapelle d'Abondance (Haute-Savoie). Il se livre d'ordinaire à ses activités favorites: sieste, crapette, apéro et pêche au tétard. Une année pourtant, il fait l'ascension des Cornettes de Bise (2400 m), et cela uniquement pour le plaisir de grimper sur le Sex de la Callaz. En août 1983, il fait la traversée à la voile de Granville à Jersey avec une poignée de fidèles. La mer est houleuse et Lucien passe une bonne partie du voyage le nez dans le seau à dégueuli. Pendant les moments de répit, il tient pourtant la barre avec assurance.


La véridique histoire de Lucien Grodard,
chanteur de son état.
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