Tout Lucien
Lucien à Montpellier
Lucien perd aux karts

En juillet 1978, Lucien part avec femme et enfant, le frigo sur le toit de la voiture, à Vic-la-Gardiolle, près de Montpellier. Avec Vincent, il met en place le circuit de kart-cross dans une sorte de terrain vague sablonneux. Des touristes peu nombreux viennent faire quelques tours de circuit et bousillent les engins les uns après les autres. Pendant deux mois, ils vivent dans un camping, avec la poussière qui vole, les voisins qui font démarrer la cocotte-minute à huit heures du matin, le chien qui chaparde partout et pisse sur les toiles de tente, le gamin qui court tout nu dans le camping. Les affaires ne marchent pas très bien: les karts sont bousillés et l'argent commence à manquer. Lucien revient à Metz, avec femme et enfant, mais sans le sou. Vincent au moins reviendra plus riche qu'il n'est parti, avec Maryline qu'il épousera quelques mois plus tard.

Interdit de chéquier, Lucien trouve un travail de vendeur de moquette chez son copain Jean Pierre S. Jocelyne improvise une crèche dans leur petit appartement de la rue Lothaire pour arrondir leurs fins de mois. Robert F., qui entretemps s'est reconverti dans la caisse-enregistreuse, lui propose de venir travailler dans la société B.S.I. comme technicien de maintenance. Lucien accepte pour lui faire plaisir.

C'est cette année-là que Lucien Grodard introduit la planche à voile en Lorraine, un sport qui n'est encore pratiqué que par quelques mordus sur les plages de l'Atlantique. Il s'entraine à La Maxe, sur le canal de sortie de la centrale E.D.F. où l'eau est un peu plus chaude qu'ailleurs, au grand désespoir des pêcheurs et des rats qui aiment bien barbotter dans ces eaux glauques. Deux ans plus tard, ils seront des centaines à tirer des bords entre les deux rives de la Moselle, sans même savoir que celui qui a lancé ce mouvement est parmi eux.

J'suis l'andouille qui fait l'imbécile...

En juin 1979, il organise à nouveau avec ses copains les 24 H de Metz, cette fois à l'ancien parc des expositions, loin des commerces du centre. Il est plus spécialement chargé d'organiser le bordel, et les courses de mini-vélos où des seaux pleins de farine tombent sur la tête des participants. Il s'occupe aussi des clips de publicité pour les radios. De nombreux groupes se produisent sur scène au cours des 24 Heures (sélectionnés sur Dieu sait quels critères par Alain D., le musicographe de l'association). Grâce à cela, Lucien fait la connaissance de Michel Vivoux, Casthelémis, Machin, Tchouk Tchouk Nougat, le Groupe Sans Gain, etc... qui auront beaucoup d'influence par la suite sur sa carrière de chanteur (surtout Machin).

En mars 1980, il gagne une montre à un concours de ski à Chatel, en Savoie: il percute violemment un paisible skieur au bas d'une piste. Celui-ci déchausse, perd ses bâtons, son bonnet et sa montre et glisse sur une vingtaine de mètres. Lucien l'aide à se relever, et à retrouver ses affaires dans la neige. Un peu sonné, le skieur repart au bout de quelques minutes en oubliant sa montre. Malgré tous ses efforts, Lucien ne parviendra pas à le retrouver. Il garde donc la montre. En avril 1981, il participe avec Sylvie O. à une épreuve de rafting: la «descente de la Gorzia». Les concurrents doivent descendre un torrent impétueux, de Gorze à Novéant-sur-Moselle, sur un engin sans moteur qu'ils ont réalisé eux-mêmes. Lucien et Sylvie terminent en bonne place à bord d'une sorte de cercueil qui prend l'eau de toutes parts.

Lucien Grodard est de tous les chantiers: démolitions, travaux, déménagements, rien ne l'arrête. Chez René A., il expérimente une nouvelle technique de démontage des planchers anciens: on se tient sur les solives, on prend son élan et on saute à pieds joints sur les planches pourries. Au bout de quelques essais, Lucien passe au travers du plancher et se retrouve à l'étage du dessous. Un peu sonné. Persévérant, il essaiera encore cette technique chez Alain D., avec les mêmes résultats.

Pour les déménagements, son truc favori pour gagner du temps est de balancer les objets par la fenêtre. Même quand les personnes habitent au troisième étage. Cela lui vaudra d'être en froid avec bon nombre de ses amies. Dans les soirées où il est invité, il n'est pas rare qu'il s'endorme dans un fauteuil, le repas à peine terminé.

Dans la tire à Dédé, j'en ai fait des virées...

La municipalité de Metz a cédé à la Draisienne une sorte de hangar dans le parc des expositions pour y entreposer son matériel (ferraille, roues tordues, pots de peinture périmés, etc...). Lucien en profite pour y installer deux vieilles Opel qu'il a récupérées dans une casse et qu'il compte faire rouler sur deux roues. Il s'entraine dans le hangar malgré les imprécations d'Adolphe K., le gardien. Il se trouve un nom d'artiste: Alan Silver. "Alan" en hommage à ses nombreux copains qui s'appelent Alain, et "Silver" comme argent, parce qu'il compte faire de l'argent en faisant des baptêmes de deux-roues. Mais le succès n'est pas au rendez-vous.

Les 24 heures de Metz auront lieu en juin de chaque année. Ce sera l'occasion pour Lucien Grodard de se former aux techniques audio-visuelles (sonorisation, pub pour les radios, film vidéo...), aux relations publiques et à l'organisation de spectacles. C'est à cette époque aussi qu'il fait la connaissance d'Hubert-Félix Thiéfaine, le rocker ténébreux, bien avant que celui-ci ne soit rendu célèbre par "Loreleï" ou "Cabaret Sainte Lilith". Hubert-Félix dort chez lui, après un concert donné à Metz, et lui donne quelques conseils sur les orchestrations et les rimes sanguinolentes. Par lassitude sans doute, les copains de la Draisienne abandonneront les 24 Heures de Metz en 1984.


La véridique histoire de Lucien Grodard,
chanteur de son état.
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